samedi 9 juillet 2011

Merci pour le retard

Un rendez-vous un soir, près d’un bar en plein air. J’arrive en avance. Un message m’indique que je vais devoir attendre un peu plus longuement que prévu. Qu’importe, il fait beau et la bière est fraîche. Sur un banc, un homme seul en tête-à-tête avec sa pinte. J’interromps ses glougloutements pour prendre place à l’autre extrémité du siège en lançant une salutation joviale agrémentée d’un sourire. L’invitation silencieuse à la conversation est bien reçue et le cinquantenaire ouvre le dialogue par des questions banales d’usage.

Au bout de quelques instants, un ami du bavard arrive, accompagné également de sa pinte. De bières à bières, les langues se délient et la conversation reprend son cours, cette fois-ci à trois voix. Les deux hommes s’avèrent être des expatriés depuis de nombreuses années. L’un me raconte avec fierté ses cours privés avec une jeune fille très douée, l’autre ses aventures maritimes du temps où il était jeune matelot.

Sorti de nulle part, un troisième compère – expatrié également – arrive et se joint au banc animé. Les rires résonnent. Je me félicite d’avoir choisi ce banc. L’air est doux et l’endroit se rempli d’autres joyeux assoiffés. A mon tour, je raconte quelques épisodes cocasses de mon crû. La bonne humeur assèche nos verres. Le troisième compère est envoyé au bar en éclaireur. Le niveau de bonne humeur – déjà bien élevé – continue de grimper lorsqu’il revient, les mains pleines de fraîcheur liquide.

En plein milieu d’une explication obscure sur un sujet risible, l’un de mes amis improvisés arrête son flot de paroles et dirige son regard au-delà du joyeux banc. Je lève les yeux et aperçoit mon rendez-vous qui nous observe, déconcerté. Retour soudain à la réalité, je me souviens maintenant la raison de ma venue en ce lieu. J’introduis mes nouveaux amis à mon rendez-vous qui ne semble pas intéressé. La déception m’envahit alors que je prends congé du banc qui redevient momentanément silencieux. En m’éloignant, je me prends à espérer revoir à nouveau par hasard ces trois joyeux drilles.

1 commentaire:

  1. Comme quoi, s'il en fallait encore la preuve, la bière a du bon ;-)
    Et j'espère que ton rendez-vous déconcerté n'était pas celui que je pense, parce que pas drôle quand même.

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