vendredi 10 juin 2011

Un ouvrage spatiotemporellement troublant

Une romance qui traverse le temps et qui évoque comme élément tragique les sauts spatiotemporels intempestifs. Oui ma p'tite dame, c'est possible. Avant ça, ces bons vieux H. G. Wells et Barjavel (parmi d'autres) ont déjà évoqué les voyages à travers le temps, mais de manière moins poignante, voire plus scientifique. Or donc quoi ? Une femme qui écrit sur une pratique science-fictionnesque Ô combien fantasmée ? Ravalez vos ricanements et laissez-vous envoûter par l'histoire qui fait passer Roméo et Juliette pour une romance mièvre.

Dans son époustouflant The Time Traveler's Wife (traduit misérablement en français par Le Temps n'est rien), Audrey Niffeneger nous raconte l'histoire intense de Henry et Clare. Lui, atteint d'un trouble génétique, souffre de spatiotemporalite aiguë incontrôlable (en anglais dans le texte : Chrono-Displacement) . Elle, belle, patiente et qui vie inlassablement dans le présent. Ils vont se rencontrer et ils vont s'aimer envers et contre les troubles spatiotemporalesques d'Henry que lui-même n'arrive ni à contrôler, ni à prévoir.

Alors que n'importe qui rêverait d'avoir ce dysfonctionnement génétique, le lecteur se rend compte au fil des pages que cette particularité relève plus du fardeau ingérable que du don béni. Tout comme Henry, on est déboussolé au début de chaque chapitre : où est-on ? à quelle époque ? dans quel endroit ? Sauf qu'on ne se retrouve pas entièrement nu, comme le pauvre personnage principal.

Au premier abord, l'histoire pourrait paraître saugrenue, mais ce sentiment ne peut exister qu'avant de se plonger dans les lignes happantes. Là, on réalise qu'Audrey Niffeneger arrive à faire passer une thématique jusqu'alors réservée aux seuls ouvrages de science-fiction purs (le voyage spatiotemporel) pour un drame poignant du quotidien pour les protagonistes (sans négliger pour autant l'aspect scientifique).

Toute la difficulté de l'exercice peut être démontrée par l'adaptation cinématographique catastrophique qui ne lui rend absolument pas justice et parvient nullement à traduire l'intensité des émotions dégagées par le roman (même Hulk ne parvient pas sauver les meubles). Alors laissons Audrey Niffeneger à ce qu'elle sait faire de mieux : nous faire rêver, voire même... pleurer.



The Time Traveler's Wife d'Audrey Niffeneger.

3 commentaires:

  1. Hmm..j'en avais déjà entendu parler et toujours en bien mais ça me paraissait en effet assez saugrenu comme concept mais bon, là, je vais commencer à croire que ça vaut la peine d'y jeter un coup d'oeil....hmm...

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  2. Quel pied que de parcourir ce blog aux chaussettes trouées, dans les pas (ou plutôt dans les clics) d'une sauterelle qui marche si volontiers sur la tête!le compliment est bateau certes , mais je dois avouer que ce blog me botte (de sept lieues et même au-delà)...vos chroniques ont une niaque sans accrocs.A les lire, j'ai l'estomac dans les talons.

    A bientôt, sans tare ni retard (esprit retors quand tu nous tiens...)!

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  3. Les chaussettes (trouées) m'en tombent devant de si beaux compliments en si grande pompe. Merci.

    Les doigts de pied en éventail, bienvenue sur ce blog où il n'y a nul besoin de s'essuyer les semelles de crainte de soulier quelque chose en se baladant. Personne n'en a rien à cirer, à partir du moment où les lecteurs prennent leur pied. ;o)

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